France, 1907 : Monôme des candidats à l’École polytechnique.
Quand les compositions écrites sont terminées, les taupins, candidats des lycées et des écoles préparatoires, se réunissent sur la place du Panthéon. Ils s’organisent en longue file indienne… et partent processionnellement sous la conduite du premier taupin de France, le premier de ceux qui ont échoué l’année précédente. Ce gigantesque mille-pattes va, vient, serpente, frappant le sol en cadence, lançant dans les airs des chansons du caractère le plus profane ; il ne rappelle que de bien loin, dans ses tours et ses détours, le jeu auquel les Grecs se plaisaient à donner une forme orchestrique. Il se dirige d’abord vers la cour du Collège de France… puis il descend le boulevard au milieu de la foule ahurie, interceptant la circulation, suit les quais jusqu’au terre-plein du Pont-Neuf, et après une ronde échevelée autour de la statue de Henri IV, se rend chez la « mère Moreau », le fameux débit de prunes et de chinois.
(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)
Qui gên’ la circulation,
Bouscul’ la population,
S’fait fich’ au bloc comme un seul homme ?
C’est le monôme !
Qui va de l’autre côté d’l’eau
Prendre un’ prun’ chez la mèr’ Moreau,
S’évanouit comme un fantôme ?
C’est le monôme !
Le lend’main, qui qu’a mal aux ch’veux,
Qui s’plaint d’avoir la tête en feux,
Et pendant l’cours pique un p’tit somme ?
C’est le monôme !
(Xanrof)